La naissance d’un artiste
Gilles ne s’appelle pas encore comme cela lorsqu’il nait, le 31 juillet 1934, à Dreux. Le jeune Jean-Paul Chapuisat, dont l’enfance est partagée entre l’Afrique, les Antilles, puis Marseille, ambitionne de devenir professeur de gym. Ses études sont cependant interrompues, comme les jeunes de son âge, par l’armée. Après 30 mois passés en Algérie, il retourne en France et commence à écumer les cabarets montmartrois, en parallèle de ses études.
Suite à un pari entre amis, il tente sa chance au « Tire-bouchon », en interprétant Quand on a que l’amour, de Brel. Le soir-même, le maître des lieux lui propose de revenir le lendemain, pour interpréter trois chansons. C’est ce jour-là que Jean-Paul Chapuisat change de nom et devient Gilles Dreu, en hommage à sa ville natale, dont il supprime la dernière lettre pour des raisons esthétiques.
Par la suite, il écume les cabarets parisiens et fréquente Bernard Dimey ou François Deguelt, et débute avec Serge Lama, Pierre Richard, Victor Lanoux et Daniel Prévost. C’est ainsi que débute la carrière de Gilles Dreu dans la chanson !
Les prémices d’une carrière
Suite au succès qu’il rencontre dans les cabarets, le jeune artiste est repéré par Léo Missir, directeur artistique, et signe dans son label Riviera, où il enregistra plusieurs 45 tours, dont le titre Fille de Garches et Enfant de Puteaux, qui obtient un succès d’estime.
Cependant, après quelques enregistrements au succès mitigé, il fait la rencontre d’Hugues Aufray, et, en 1966, ce dernier lui propose de rejoindre le label qu’il vient de créer, La Compagnie. Cette amitié perdurera toujours.
Curieux de tout, Gilles, en parallèle de sa carrière naissante, se voit proposer un rôle au cinéma, aux côtés d’André Bourvil et Robert Hirsch, dans le film à succès Les Cracks, qui sortira en 1968. Le succès n’est désormais qu’une affaire de mois pour le jeune artiste.
André Bourvil, à gauche, et Gilles, à droite, sur le tournage du film Les Cracks, sorti en 1968
Une idole en plein succès
C’est en 1968 que la carrière de Gilles décolle véritablement. Après le titre Théodorakis, qui rencontre un certain succès, il enregistre l’adaptation d’un thème argentin. Alouette sort en mai 1968 et devient numéro un pendant de nombreuses semaines. En octobre de la même année, il triomphe sur la scène de l’Olympia de Paris.
Dès lors, Gilles devient l’un des artistes incontournables du paysage musical français, et les succès s’enchainent.
La même année sortent les titres La mégère apprivoisée, On revient toujours et Pourquoi bon dieu, qui deviennent également des succès.
La décennie 1970 s’ouvre sous les meilleurs auspices puisqu’il partage la scène de Bobino avec Marie Laforêt.
Le cinéma est toujours présent dans la carrière de Gilles, mais cette fois-ci en tant qu’interprète de bande originale, d’abord pour la série télévisée Les Sesterain, puis pour le film Un aller simple, de José Giovanni, avec Nicoletta et Jean-Claude Bouillon.
De nouveaux titres connaissent le succès, notamment Si le cœur vous en dit, Un mur à Jérusalem, Fiancée de printemps et Ma mère me disait.
Il enregistre, en 1972, avec son amie Nicole Croisille, le titre Moïse, avant d’enchaîner avec un nouveau tube, l’incontournable Descendez l’escalier, qui devient un grand classique, au même titre qu’Alouette, classé durant de nombreuses semaines. Il défendra aussi, à plusieurs reprises, à la télévision, sa face B, Et les filles, et les filles.
Une vie passionnée
Au cours de l’été 1973, Gilles rajoute une nouvelle corde à son arc, celle de l’animation. Sur Télé Monte-Carlo, il présente Jamais Dreu sans trois, dans laquelle il reçoit divers invités prestigieux.
Le cinéma le rappelle pour tourner Chaussette surprise, en 1978, aux côtés de Michel Galabru, Michel Blanc et Bernadette Lafont.
Sans délaisser la chanson, et après plusieurs tournées mondiales, il revient à ses premiers amours, le sport, en devenant, en 1983, le directeur de l’Institut de Vichy, centre de remise en forme.
Cinq ans plus tard, son expérience lui inspire son premier livre, La forme facile, qui connaît un beau succès dans les librairies.
En parallèle de l’écriture de son livre, Claude Chabrol lui propose un rôle dans son film Le cri du hibou, avec Mathilda May.
Un public toujours fidèle
La décennie 1990 est pour Gilles un retour vers la musique, avec, en 1993, un nouvel album, Terre de lumière, suivi, en 1997, du disque Les chansons de mes 20 ans, dans lequel il enregistre les succès d’après-guerre, à l’image d’Un violon, un jambon et Le petit bonheur.
En 2000 et 2002, il sort les albums Chanter pour elles et Parcours, en collaboration avec Didier Barbelivien, puis part en tournée francophone. Il se produit également chez Pascal Sevran, sur France 2 et foule l’Olympia en 2004, pour le Festival de la Rose d’Or.
En 2006, il est l’un des premiers à accepter de participer à Âge Tendre, la tournée des idoles, qui triomphe dans tous les Zéniths de France, devant plus de 400.000 spectateurs, puis prend part à la croisière des idoles, avec 40 artistes, en décembre 2008.
Gilles sur la scène du Zénith de Paris en 2007, devant 8.000 personnes, à l’occasion de la tournée des idoles
Un amour inconditionnel pour la musique
En 2010, avec ses amis François Deguelt et Nicole Rieu, il lance un nouveau concept de spectacle, Ce soir on improvise.
En parallèle, il rejoint Alain Turban sur la scène de l’Olympia, en 2013, le temps d’un duo surprise.
Il fête ses 80 ans avec un titre inédit, Quatre fois vingt ans, écrit Didier Barbelivien, suivi d’une compilation.
L’année 2017 est marquée par la création du trio musical Les Vieilles Fripouilles, avec Alain Turban et Jean Sarrus. Ils sillonnent la France avec ce spectacle, mêlant humour et titres mythiques. Il participe, en novembre de cette même année, à la croisière Âge Tendre, produite par Christophe Dechavanne, avec notamment Sheila et Hugues Aufray.
Raphaël Mezrahi lui propose, en février 2020, de participer à sa Nuit de la déprime, sur la scène des Folies Bergère, avec, entre autres, Vianney, Maxime Le Forester et Eddy Mitchell.
Le 30 octobre 2020, pour fêter ses 60 ans de carrière, Gilles sort son nouvel album, Le comptoir des amis, un album inédit de duos avec quelques uns de ses amis.
La plupart des clichés sont signés Yolande Chapuisat Gervaise, dite Yoyo, l’épouse de Gilles mais avant tout photographe passionnée et reconnue. Le temps d’un cliché, sous l’oeil malicieux de sa tendre Yoyo, le temps s’arrête pour l’artiste.